Sommaire
Petite bibliothèque
Les origines du village L'abécédaire d'Épehy Le village
Les champs Instantanés
À propos de... Au fil des ans...
Galerie de Portraits
1914-2014, le centenaire
La Reconstruction
Courrier des Lecteurs Recherche
Lettre d'information
Annuaire de liens
Visites
visiteurs visiteurs en ligne
visiteurs Le 23/12/2022 à 09h55 |
Le village - F comme Fanfare
F comme Fanfare : Fanfare et musiciens d'Épehy
Les premières photos de la fanfare d'Épehy dont nous disposons datent de 1922, mais il en a très probablement existé de plus anciennes car, au moins depuis le XIXe siècle, la fanfare constituait en quelque sorte, avec l'église et la mairie, un élément d'identification de chaque village dont il était important de pérenniser le souvenir. Peut-on espérer qu'un jour ou l'autre des membres d'anciennes familles du village découvrent d'autres clichés, antérieurs à 1922, oubliés au fond de quelque tiroir ?
Voici donc la première de ces photos : 23 musiciens regroupés autour de leur bannière, des jeunes et des moins jeunes, avec leurs instruments entassés au premier plan (Fig. 1). Qui sont-ils ? De gauche à droite :
Une deuxième photo (Fig. 2), datée du 22 mai de la même année, nous montre douze membres de la fanfare fêtant joyeusement quelque événement important... après quoi il n'est pas sûr qu'ils aient encore joué bien juste... On reconnaît, de gauche à droite :
Que l'existence d'une fanfare à Épehy soit antérieure à 1922 ne fait aucun doute, nous en avons quelques preuves.
D'abord cette photo (Fig. 3) qui date de juin 1921. Il s'agit de l'enterrement d'Arsène Magniez, maire d'Épehy de 1888 à 19081. On y voit, en tête du cortège, le groupe des musiciens vêtus de noir, suivis de trois prêtres et des enfants de chœur portant la croix. Derrière, les hommes dont les porteurs du cercueil, et plus loin derrière, le groupe des femmes. Nous sommes peu après la guerre : le bas-côté de la rue est encore défoncé, des pierres sont accumulées en plusieurs endroits, en prévision de leur réutilisation ; au fond, une baraque de tôles en demi-lune. À noter, à gauche, une habitation reconstruite en dur mais qui sera provisoire, vraisemblablement faite de mauvaises briques sorties d'une petite briqueterie qui fonctionna temporairement au nord de la route du Ronssoy. De façon plus précise, grâce à une photo montrant la célébration de son cinquantenaire et datée du 2 juin 1935 (Fig. 4), on sait que la fanfare du village fut constituée en 1885. Cette date est assez tardive (selon A. Gabet, l'harmonie de Villers-Guislain est signalée dès 1879), mais on sait aussi que dès 1862 un festival de musique fut organisé à Épehy, ce qui laisse supposer qu'un groupe musical y existait déjà. En 1886, un concours régional comme il s'en faisait chaque année eut lieu au village, et la médaille d'or fut gagnée par la Société de Musique d'Hargicourt.
La fête du Cinquantenaire rassembla au moins cinq fanfares de la région, dont on voit les bannières, en particulier celle du Ronssoy. Les musiciens, repérables à leur uniforme, se mêlent à la foule. Sur le perron de la mairie, décorée de nombreux drapeaux, les personnalités du village dont le maire Eugène Loiseaux qui a succédé à Ernest Durieux, décédé en 1932. Le même jour, la fête se poursuit l'après-midi sur la Place de l'église (Fig. 5). Cela ressemble à la Fête Patronale de septembre, mais avec un arc de triomphe "Honneur aux musiciens". Le manège (M. Pourrier sans doute) est là, la baraque de vente de confiseries également et quelques autres encore. Une estrade de branchages et de verdure attend le concert de plein air. Le café Georges Delaplace doit rengorger de clients, le café Osset tout autant. Une voiture a réussi à se frayer un chemin dans la foule. Au fond, derrière l'arc de triomphe, on aperçoit la baraque Café-Épicerie d'Augustine Espéranza.
La vie ordinaire de la fanfare était surtout faite de répétitions qui se tenaient, à partir de 1925, dans une salle dépendant de la Salle des Fêtes du village. Pendant ces répétitions, nos musiciens faisaient une pause en allant se désaltérer au Café de la Musique, 27 Rue Neuve, tenu par M. et Mme Jules Mathieu (Fig.6), lequel, dans les souvenirs de Francine Delauney, était "la maison de Léna où, écrit-elle, je me rendais parfois avec ma grand-mère maternelle Mathieu. Léna était en vie commune avec mon oncle Jules que je n'ai pas connu".
Il y avait aussi les cours de solfège pour les futurs musiciens, souvent donnés par un instituteur (ainsi M. Demarle). La fanfare apportait son concours aux soirées théâtrales organisées par les différentes sociétés. Elle était toujours présente pour les cérémonies au Monument aux Morts. Les bals étaient habituellement animés par plusieurs de ses musiciens, ainsi que la Fête de la Gare en été (Fig.7 a et b), la Fête Patronale en septembre et bien d'autres fêtes dont le souvenir s'est perdu.
La Fête de la Gare fut une initiative des commerçants du quartier, tandis que la Fête Patronale, Place de l'église, dépendait de la municipalité. On observe, sur la photo 7 a, la présence de nombreux jeunes ouvriers italiens, repérables à leur casquette, qui travaillaient à la reconstruction du village, tandis que d'autres spectateurs en chapeau, souriant au photographe (Fig. 7 c), appartiennent sûrement à une classe plus aisée. Sur l'agrandissement 7 d, des employés de la gare sont au premier rang des auditeurs, derrière le chef de fanfare.
Au premier plan, en costume foncé : Henri Joffrin, à droite sa nièce : Marcelle Larde-Joffrin (1903-2005), et en arrière, souriant dans son costume sombre, le mari de celle-ci : Marcel Cormier (merci à Johannes Joffrin pour ces indications).
La présence de la fanfare lors des défilés en constituait l'une des principales attractions. Elle se devait d'y être au complet et, si possible, de marcher au pas. Nous disposons de trois photos de l'un de ces défilés (Fig. 8 a, b,c), prises dans la Grande Rue à hauteur du carrefour avec la rue Paul Dubois ou du garage Lobry. Elles sont de 1951 et furent prises à l'occasion de l'arrivée du nouveau curé, l'abbé Pouvelle, que le cortège était allé accueillir à l'entrée du village, route d'Heudicourt, pour le conduire jusqu'à l'église et lui en remettre les clés2. Un certain nombre de personnes y sont bien reconnaissables.
Fig. 8b :
Fig. 8c. : On retrouve sur la photo ci-dessous (Fig. 9), prise en 1955 peut-être Place de la Gare, les anciens de la musique déjà rencontrés plusieurs fois et qui semblent bien avoir été honorés d'une décoration ce jour-là.
Ce sont, de gauche à droite : Marcel Marquand, Maurice Despagne, Victor Plisnier, le maire Raoul Trocmé, Georges Lempereur, Arcole Marquand, Marcel Despagne et Gustave Moiret dit Tatave. Terminons cette évocation de la fanfare d'Épehy par deux photos qui montrent combien son rôle d'animation ne se bornait pas au territoire de la commune : des liens étroits mêlant amitié et émulation avaient été tissés avec les autres fanfares de la région et, reconnue pour sa valeur, elle participait régulièrement aux festivals qui s'y organisaient.
Ici (Fig. 10), les casquettes blanches sont neuves. On distingue, en costume sombre au centre du groupe, Maurice Despagne et, entre autres, au premier rang, première casquette à gauche, celle de Roger Cocrelle.
La photo 11 est la plus récente de toutes (1970–1980 ?). Quelle fut l'occasion cette sortie et ce rassemblement des trois bannières ? Concluons ce chapitre par quelque souvenirs évoqués par Claude Saunier : "J'étais très jeune quand la fanfare, allant en direction du cimetière, jouait la Marche Funèbre de Chopin, en l'honneur d'une personnalité épéhienne décédée dont on ne se rappelle plus le nom... Notes : Date de création : 05/08/2009 @ 17h20 Réactions à cet article
|