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Le 23/12/2022 à 09h55

Le village - V comme Vaisselle

V. comme Vaisselle

Nous sommes à la fin de l'été 1940 et l'armée allemande occupe les deux-tiers de la France. Les Épéhiens qui, les 17 et 18 mai, avaient fui leur village, sont rentrés.
Les premières colonnes allemandes sont passées, paraît-il, vers midi le 18 mai. Peu nombreux sont les habitants qui étaient restés, pour des motifs divers : âge, incapacité physique, manque de moyens de toutes sortes.

Les retours au village, faciles au début, devinrent plus difficiles après la mise en place de la Zone Interdite que l'on croyait une invention d'Hitler. L'idée venait de plus loin : en octobre 1914, le capitaine de l'armée bavaroise Gunther, occupant de la propriété du 27 rue de la Fraîcheur (actuellement rue Paul Dubois) déclara à M. Mennecier, propriétaire et premier adjoint : "J'aime beaucoup votre maison et, après la guerre, j'y habiterai et vous, vous irez cultiver l'Allemagne Orientale et ses terres pauvres". Imaginez la tête de M. Mennecier ! Signalons que la Zone Interdite avait pour frontière la Somme, l'Aisne et la suite vers l'Alsace.

Les derniers Épéhiens rentrés durent prendre de grandes précautions. Un jour, en fin d'été, une petite formation militaire vint à Épehy pour voir, noter et préparer quelques réquisitions.

Fig.1. Le "château" de Pezières, propriété de Gabriel Trocmé (Coll. C. Saunier)
Fig.1. Le "château" de Pezières, propriété de Gabriel Trocmé (Coll. C. Saunier)

Les officiers choisirent le "château" de Pezières, seul édifice du village à représenter un petit château, pour y loger et prendre leurs repas. Bien vite une présence féminine parut nécessaire, malgré la présence de soldats faisant fonction d'ordonnance.

C'est ainsi que parut Julie, ou Ninon, vous choisirez car, bien sûr, le prénom réel de la dame serait révélateur et nous l'avons caché.

La salle à manger est grandiose, car elle a un plafond à 6 mètres de hauteur. Les repas furent, sans doute, très agréables et les officiers très corrects.

Le seul point noir était la vaisselle, que Julie détestait faire. Heureusement, les propriétaires avaient de nombreux services de table en différents styles : rustique, fleuri, classique, moderne, etc.

Fig.2. Quelques spécimens de vaisselle ancienne (C. Saunier d'après Internet)
Fig.2. Quelques spécimens de vaisselle ancienne (C. Saunier d'après Internet).

Un jour qui n'était pas fait comme les autres, et la vaisselle s'accumulant, Julie eut l'idée farfelue, à la fin du repas, d'ouvrir la porte de la cave et d'y jeter quelques assiettes, à la grande joie des officiers.

L'occasion était trop belle et, à la fin du repas suivant, tout le service de table y passa. Ce petit jeu avait un vif succès et dura quelques jours. C'est vrai qu'il y avait beaucoup de vaisselle à Pezières.

Aussi, quand les enfants de Gabriel, revenus les premiers, vinrent inspecter le château, ils trouvèrent la salle à manger presque propre ainsi que les autres pièces, mais ne purent ouvrir la porte de la cave qu'avec difficulté. Les escaliers disparaissaient sous la vaisselle cassée, et y descendre était fort dangereux. Gabriel, prévenu, était resté chez des cousins à Arpajon encore quelques mois, et je pense que c'était pour rester à l'écart de ce fait qui lui rappelait trop les destructions de 1914-1918.

Quant à Julie ou Ninon, comme vous voulez, elle reprit sa vie de tous les jours. La chronique locale, souvent bien informée, ne l'était pas et l'anecdote ci-dessus a risqué d'être ignorée, ce qui aurait été dommage pour la petite histoire d'Épehy !

                                                                                                  (Ce texte a été écrit et illustré par Claude Saunier)
 


Date de création : 08/08/2009 @ 09h41
Dernière modification : 09/11/2010 @ 18h52
Catégorie : Le village
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Réactions à cet article

Réaction n°1 

par francine le 11/07/2013 @ 01h49

Question vaisselle de la fin de l'été 40 : après le retour de l'évacuation de mai 40,les pièces de vaisselle avaient parfois changer de logis. Les familles avaient des objets qui ne leur appartenaient pas et  avaient perdu plein de choses. Il me souvient vaguement qu'un jour les femmes ont placé devant leur maison tout ce qui ne leur appartenait pas et chacun passait voir s'il retrouvait quelque chose à lui. Est-ceque ce souvenir est partagé par quelqu'un ?           Francine Delauney.

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