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Les champs - M comme Malassise
M comme Malassise : Les fermes de Malassise
Les origines Malassise est un lieu-dit du terroir d'Épehy, situé à environ un kilomètre à vol d'oiseau à l'est du village, où se trouvent aujourd'hui deux fermes de part et d'autre du Chemin des Charbonniers ou Chemin Noir (Fig. 1). L'une, à l'ouest, celle des Trocmé, est actuellement exploitée par la famille Warlop ; l'autre, à l'est, était en 1914 la ferme Noël, puis Demeulester, et actuellement Dobbels.
On peut à bon droit s'étonner de l'existence de telles fermes relativement loin du village, dans cette partie de la Picardie où la règle est générale est celle d'un habitat groupé en gros bourgs autour de leur église. Dans sa "Notice historique sur le Bourg Picard d'Épehy" (1924), Gabriel Trocmé en donne l'explication suivante : Après le partage des biens du seigneur Sohier de Vermandois, "seule une famille fut établie par le baron d'Honnecourt à l'est du terroir, en raison d'une grande partie de ses terres qui s'étendaient de ce côté et dont beaucoup étaient en friche, principalement le fief de Sarroux (sarrotum, terre en friche ; au XVIIIe siècle devint Salleroux). Ainsi qu'en témoignent de vieux actes, ce fut la famille Trocmé qui construisit, au milieu des terres à exploiter et dans un petit vallon, une ferme avec ses dépendances ; à cause de sa position sur un des flancs du vallon, elle fut nommée "La Malassise".
En ce qui concerne la période du Moyen-Age, qui serait donc celle de la fondation de la "vieille cense", nous n'en savons pas davantage1. Arnaud Gabet, auteur d'un ouvrage sur Honnecourt, écrit que les deux fermes de Pezières et de Malassise "dépendaient autrefois de l'abbaye de Vaucelles"2, tandis que, selon G. Trocmé, la première dépendait bien de Vaucelles, mais la seconde du baron d'Honnecourt. D'autre part, toujours selon G. Trocmé, cette fondation se situerait vers le XIIe siècle en vertu d'une décision du baron d'Honnecourt, mais A. Gabet nous signale que le titre de baron d'Honnecourt n'apparaît dans les archives qu'à partir du XVIIe siècle3. Faut-il penser, pour autant, que la date de 1632 correspondrait à celle de l'implantation initiale de cette ferme plutôt qu'à celle d'un agrandissement de l'exploitation ? Cela rendrait mieux compte de sa dénomination, car on sait que ce toponyme (que l'on retrouve ailleurs en France et qui désigne effectivement une localisation sur une pente, ici de 8 à 10 %) est caractéristique des XVIe ou XVIIe siècles plutôt que du Moyen-Âge. À moins que ce nom ("la vieille cense malassise") ne lui ait été donné qu'au XVIIe siècle, pour la distinguer des deux fermes nouvellement créées auxquelles la relie un chemin encore existant et long de 600 mètres ? Toujours est-il que, outre ce qu'écrit G. Trocmé sur "les vestiges de l'ancienne fondation" encore visibles en 1914, son petit-fils Jacques Saunier se souvient, un demi-siècle plus tard, avoir vu vers le Vieux Bosquet des souches d'énormes poiriers signalant un emplacement de verger. Cette localisation sur une pente tournée vers le nord-ouest peut s'expliquer par un souci de défense et/ou comme une façon d'utiliser ainsi des terres moins bonnes que les autres pour les cultures. Il est possible aujourd'hui de préciser quelque peu cet historique pour la période postérieure au XVIIe siècle, principalement grâce aux recherches et publications d'Arnaud Gabet. Son livre4 montre qu'au début de ce même siècle, Honnecourt (et plus globalement notre région) profita d'une certaine accalmie dans les incessantes guerres franco-espagnoles, une paix relative qui a pu favoriser une reprise de la croissance démographique (Honnecourt était alors une ville) et donc entraîner de nouveaux défrichements et la création de ces deux nouvelles fermes. On peut en effet imaginer que l'un des trois frères mentionnés par G. Trocmé continua à exploiter le ferme primitive sur les lieux du Vieux Bosquet, tandis que les deux autres, pour plus de commodité, établissaient chacun la leur au bord du Chemin des Charbonniers (Fig. 1). La carte dite d'État-Major (1:80 000e) montre d'ailleurs que les chemins anciens reliaient ces fermes directement non pas à Épehy mais à Honnecourt (Fig. 3), et les traces repérables au nord et au sud-ouest du Vieux Bosquet sur la photo satellite Google Earth donnent à penser qu'une voie reliait la "vieille cense" au Chemin des Charbonniers vers le nord et à la route du Ronssoy vers le sud.
Pierre Joseph Trocmé (1616-1678), premier ancêtre connu de Gabriel Trocmé, est le seul de ces trois frères fondateurs dont la généalogie familiale nous apprend le nom (voir généalogie des Trocmé en annexe). Par la suite, les actes étudiés par A. Gabet montrent que ses descendants furent laboureurs tant à Pezières qu'à La Malassise. Observons que le même auteur mentionne également la mise en vente comme biens nationaux, plus d'un siècle plus tard, des propriétés ayant appartenu au seigneur De Lannoy d'Honnecourt, et notamment l'achat sur le territoire d'Épehy, le 9 nivose An III (29 décembre 1794), de 4 mencaudées de terres par "Trocmet", pour le prix de 1 300 livres. D'après la généalogie, l'acheteur a pu être Charles Antoine Adrien Trocmé (1778-1846), mais on ne sait s'il s'agissait de terres situées à Malassise ou à Pezières. Avant 1917 Comme pour l'ensemble du village, il y a eu dans l'histoire de Malassise un "avant 1917" et un "après 1918".
Cette photo a probablement été prise un jour de fête, peut-être à l'occasion de la "Première Communion" ou "Communion Privée" de Gabriel, ce qui se faisait beaucoup à l’époque, en attendant la communion solennelle vers l'âge de 11 ans. La photo suivante a été prise vers 1904 (Fig. 5). Elle montre le coté jardin de ce qui était une belle propriété et dont les bâtiments semblent avoir été construits en plusieurs fois. Il est possible de reconnaître quelques membres de la famille de Gabriel : près de la maison, de gauche à droite, son épouse Jeanne Hadengue (1869-1955), sa mère Claire (1839-1917) et dans le jardin sa fille Gabrielle (1894-1979) aux côtés de la bonne, Hortense. La photo de la Fig. 6 vient compléter heureusement celle de la Fig. 4, bien qu'elle ait été prise une quarantaine d'années plus tard. Elle laisse mieux apparaître le centre de la cour, avec l'enclos pour les bovins devant lequel s'affaire un ouvrier. Des arbres ont été plantés de part et d'autre de l'entrée de la maison.
Les deux autres photos, plus récentes (Fig. 7 et 8) donnent une idée des moyens de déplacement de l'époque. Sur la première, la famille Trocmé en char à banc : Gabriel, Jeanne, Claire et la jeune Gabrielle. À droite apparaît le puits encore existant aujourd'hui. Sur la seconde, avec les mêmes personnages, le véhicule qui servait sans doute pour les grandes occasions, est plus luxueux, les connaisseurs pourraient nous donner le nom exact.
Bien sûr il nous manque cruellement le coté attelage de labours et autres travaux, les chevaux et toutes les bêtes de la ferme, spectacle probablement jugé trop quotidien pour valoir la peine d'une photo... On peut penser, à regarder ces photos, et connaissant la tragédie qui allait suivre, que ces années du XIXe siècle et du début du XXe furent, pour Malassise comme pour le reste du village, des années paisiblement vécues dans la prospérité et la tranquillité du bonheur familial. Et pourtant, quelques documents tirés des archives municipales montrent qu'il n'en fut rien, car le village ne pouvait échapper aux remous de l'histoire et, en particulier, subissait alors directement les conséquences des guerres napoléoniennes. Trois exemples le montrent bien. Ainsi, en avril 1813, le maire Adrien Magniez reçoit l'ordre de réquisitionner 2 chariots de 4 chevaux pour aller chercher à Fins le ravitaillement nécessaire au détachement de troupes prussiennes stationné dans la commune. Les deux chariots seront fournis apparemment par les plus gros fermiers de l'époque : l'un par le maire lui-même et l'autre par Charles Trocmé. En avril 1814, à deux jours d'intervalle (Fig. 9), le même maire doit réquisitionner une charrette attelée de 2 chevaux pour conduire deux militaires malades dans le département de l'Aisne (ordre exécuté par Antoine Fabien Rolland), puis, sur injonction du capitaine des Cosaques, réquisitionner 2 voitures dont un chariot pour conduire des militaires à Bantouzelle (ordre exécuté de nouveau par Adrien Magniez et par Jean-François Cocrelle).
Décidément la vie des Épéhiens fut rarement un long fleuve tranquille... Malassise dans la Première Guerre mondiale Lorsque, en août 1914, éclate la Première Guerre mondiale, Épehy est le lieu de stationnement de plusieurs éléments de la 5e Division de Cavalerie du Général Bridoux (22e de Dragons et 29e de Chasseurs Cyclistes), en tout environ 400 hommes, et Malassise est le siège de trois batteries du 61e d'Artillerie. Mais dès le 27 août, Épehy se trouve aux mains des Allemands, après une mêlée trop confuse pour que l'artillerie de Malassise ait pu entrer en action. Les "Carnets de guerre du maire d'Épehy"6, source d'information irremplaçable sur Épehy pendant cette guerre, nous apprennent que l'épouse de l'auteur, Jeanne, et sa fille Gabrielle quittent alors Malassise pour Étalon, où réside la belle-famille, tandis que sa mère, Claire, choisira de rester avec son fils et décèdera en exil à Berlaimont. Pour se venger de la résistance rencontrée, les troupes allemandes incendient 7 granges et 3 maisons, faisant 5 victimes parmi les villageois. Malassise est occupée par 1 500 artilleurs. Le pillage du village commence : réquisitions de toutes sortes et menaces de mort, sans compter les réclamations de la soldatesque : vins, cafés et victuailles... Le 30 août, les troupes allemandes affluent à Malassise où, comme ailleurs, tout est dévasté, pillé, brulé (dont les titres bancaires du maire), tout cela sur fond sonore de canons et mitrailleuses. Les réquisitions (voitures, hommes, chevaux) sont constantes, il n'y a plus un cheval à Malassise ! Pour la moisson qui s'annonce, les agriculteurs se prêteront les quelques chevaux ayant échappé aux réquisitions. Le 20 septembre 1914, Epehy est brièvement reconquis par les Chasseurs à cheval du Corps d’Armée du Général Damade, occasion de faire avec eux "une large brèche dans nos petites réserves : vins, café, sucre, œufs, oignons, pétrole surtout", écrit G. Trocmé. Le 24, l'auteur nous fait part d'une étonnante conversation entre lui-même et le pilote d'un avion français : "Un biplan français passe à une heure au-dessus de Malassise, à peine à 300 mètres de haut. Je le salue, il agite son drapeau et me crie qu'il va survoler xxx et Bohain. C'est égal : si bas ici, quelle imprudence ! ". Le 25 les troupes allemandes sont en effet de retour et demandent le versement immédiat d'une considérable indemnité de guerre de 9 000 francs-or (environ 28 000 euros d'aujourd'hui) qui sera trouvée auprès des gros propriétaires et des rentiers fortunés du village. Début octobre 1914, un laisser-passer du Commandant de la Place est rendu obligatoire pour tout déplacement au-delà des barrières de chemin de fer, y compris pour le maire et les ouvriers des fermes de Malassise, tandis qu'une étonnante partie de cache-cache se joue dans les bois proches pour faire échapper les chevaux à la réquisition. Tous les hommes de 17 à 48 ans sont recensés en vue de travaux obligatoires (quelques-uns réussissent pourtant à y échapper), et le battage de l’avoine est organisé, pour les chevaux allemands, bien sûr ! Une nouvelle contribution de 8 310 francs est exigée le 30 octobre pour le lendemain, et le maire note que c'est la 21e !
La fin de l'année 1914 et le début de 1915 voient se répéter les fouilles, rafles, vols et perquisitions multiples et de toute nature : chevaux et autres animaux (120 brebis volées à Malassise le 24 février en l’absence de Gabriel qui réussira à les retrouver à Sainte-Émilie et s’en fera rendre 89), bouteilles de vin mais aussi blé, avoine, farines, machines à coudre... Et de nouveau, le 25 juin 1915, G. Trocmé notera : "On vient compter mes brebis : je dois en dissimuler 37 qui ne sont pas connues." Cette année-là, le ravitaillement américain "Relief for Belgium" commence à nourrir les habitants du canton, un canton d'ailleurs fantaisiste, dessiné par l'occupant et qui concerne 6 villages et 7 000 personnes. Le café (fermé) "Au bon coin" abrite le dépôt pour tout le canton et Gabriel Trocmé vient le garder lui-même la nuit, car il sait bien qu'il n’y a pas que des "petits saints" à Epehy. Malgré la réquisition, le moulin Moreaux, route de Villers-Guislain, tourne subrepticement au profit des habitants, mais le meunier Henri Moreaux se fait "pincer" le 4 mai 1915. Le 10 mai des avions français traversent le ciel de Malassise, on en compte 9, et l'on assiste, le 15 juin, au mitraillage d’un avion allemand par un avion français au dessus d’un pacage de Malassise . À partir de juillet 1916, la bataille de la Somme provoque un afflux considérable de troupes allemandes au village, au point qu'il devient impossible, car trop dangereux, de traverser la Grande Rue. Malassise est occupée par "une Compagnie de Mitrailleurs avec un officier arrogant et exigeant ! Il prend possession de tous les appartements ! Quel mufle ! " écrit G. Trocmé le 9 juillet. Un embranchement de voie ferré y est installé7 et les fermes abritent désormais un important dépôt de ravitaillement. La vie quotidienne étant rendue de plus en plus difficile par le vacarme diurne et aussi nocturne mené par l'occupant, en octobre, Gabriel décide de déménager avec sa mère dont la santé s'est gravement détériorée, pour s'installer à Pezières. Il considérera d'ailleurs ce déménagement comme "une expulsion officieuse de Malassise où la vie était un enfer", en ajoutant que "Noël (l'autre fermier de Malassise resté sur place jusqu'en décembre) est lapidé : on lui a pris toutes ses pommes de terre, ses petites affaires cachées : à peine convalescent, on le force à travailler" (17 novembre 1916). Une consolation cependant : Gabriel a pu "arracher des mains brutales et sales des occupants de Malassise le pauvre piano de Gabrielle (sa fille)... le mécanisme est intact, mais combien le meuble est abîmé !!!" (13 décembre), et il a pu aussi récupérer son lit, son armoire et son cidre de l'an dernier ! Difficile désormais de savoir ce qui se passe à Malassise : Gabriel Trocmé n'en parle plus dans ses "Carnets" et, le 20 février 1917, c'est l'évacuation vers Berlaimont : "Notre départ s'effectue sous une pluie fine et froide qui contribue à nous assombrir encore plus, si c'était possible", écrit-il. Comme le reste du village, les fermes de Malassise firent l'objet, en mars 1917, d'une destruction systématique, comme en témoignent quelques cartes postales (Fig. 11 et 12).
Après 1918 Une tâche immense attendait donc les "réintégrés" (comme on désignait alors à ceux qui rentraient au village), car tout était à reconstruire, mais cela supposait, au préalable, le déblaiement des amas de ruines et, chose encore plus délicate, celui des vestiges laissés par la guerre : ferrailles, fils de fer, munitions diverses parfois non éclatées qui jonchaient le sol.
Les troupes anglaises et leurs soldats annamites commencèrent ce déblaiement, puis le relais fut pris par différents services et, au 2e trimestre de 1919, par les troupes du Général Philippot8. Une photo (Fig. 13) illustre ce ramassage des obus en 1919-1920, d'ailleurs réalisé par des civils, et leur chargement dans un camion portant l'inscription "Dépôt de Malassise". Faut-il penser qu'en un premier temps, ces munitions étaient rassemblées à Malassise avant d'être détruites ou emportées ailleurs ? À une exception près, on ignore qui sont ces hommes, qui posent visiblement devant le photographe (l'un d'eux s'est même armé d'un fusil !), de même que l'identité du personnage en cravate à droite, qui semble diriger l'opération. La seule personne reconnue (3° au sol à partir de la droite), selon l'information donnée par Alain Godelier, est Amable Dessert, son oncle, époux d'Adrienne Pelletier et père d'Eugène, Michel et Maurice.
Le terroir du village était délimité en zones interdites parce que encore minées et en zones à réhabiliter soit par labourage au tracteur (cas assez rare), soit par rebouchage manuel des tranchées et trous d'obus, travail réalisé par les habitants qui étaient payées au trou ou au mètre carré. Il s'agissait, à coup sûr, d'un travail très dangereux, et la mémoire collective a gardé le souvenir de M. Lepreux et de ses fils employés ainsi à reboucher trous et tranchées près du Bois Têtard. Ils envoyèrent le plus jeune, Alphonse, né le 26 janvier 1913, leur chercher à boire : à son retour, son père et ses deux frères avaient sauté sur une mine. Le nom du Général Philippot, qui commandait la 14e Division d'Infanterie en 1917, est resté attaché à cette activité de déminage (Fig. 14). Il semble qu'il se trouvait souvent à Malassise au point que sa présence ait donné lieu à une photo (malheureusement disparue) le montrant tenant dans ses bras la dernière née de la famille Trocmé, Huguette née en 1920. Une photo véritablement symbolique de la paix succédant à la guerre et de la confiance en l'avenir retrouvée... Les deux fermes de Malassise furent reconstruites, plus coquettes et aussi mieux adaptées que les précédentes aux exigences de l'agriculture moderne (Fig. 15 et 16). Gabriel Trocmé ne revint pas à la sienne : il la céda à son gendre, puis à son petit-fils.
1918-1928 : Gabriel Trocmé a donc établi sa demeure à Pezières, mais restera maire d'Épehy durant 10 ans encore. C'est dire qu'il prit une part décisive à la reconstruction du village, mais aussi qu'il eut toujours le souci que le drame dont il avait été témoin ne soit pas oublié par les générations futures.
"Remember", "Souvenez-vous", tel est en effet le thème récurrent du discours qu'il prononça en 1921 devant le Général Higgins représentant les troupes britanniques, lors de l'inauguration du monument de Malassise (Fig. 17) : "En parcourant ces mines, au milieu des chevaux de frise accumulés, des fils de fer barbelés, des trous d'obus et de torpilles plus serrés et plus nombreux, hélas, que les tas de gerbes de nos moissons, en m'arrêtant devant les tombes nombreuses qui entouraient le grand Christ brisé et où, côte à côte, amis et ennemis dormaient de leur dernier sommeil, j'eus la hantise horrible des combats acharnés, des corps à corps sanglants dont ces lieux désolés furent les témoins". (Voir en fin de texte le commentaire de Gérard Delauney concernant la "Bataille d'Épehy" dont Malassise fut l'un des théâtres d'opération). Une curieuse énigme Terminons ce texte par la curieuse énigme que pose notre dernière photo (Fig. 18). Il s'agit toujours de l'inauguration du monument de Malassise. Aux côtés des officiels et parmi d'autres militaires, qui donc est celui-là à la haute stature ? Ne vous fait-il pas penser à Charles de Gaulle ? De Gaulle à Malassise ? La chose n'est pas certaine, faute de recoupements, mais pas impossible non plus car, officier (et fait prisonnier) durant la Première Guerre mondiale, il avait 31 ans en 1921 et était alors chargé de cours à l'École militaire de Saint-Cyr, relativement proche d'Épehy. Il avait participé, en 1915, à la bataille de la Somme où il fut d'ailleurs blessé, ce qui pourrait lui avoir valu d'assister à cette cérémonie commémorative. Pourquoi pas ?
ANNEXE : Généalogie des Trocmé Notes : Date de création : 16/09/2009 @ 17h53 Réactions à cet article
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