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visiteurs Le 23/12/2022 à 09h55 |
Le village - R comme Ruines
R comme Ruines : Le village en ruines
Nous ne reproduirons pas, dans cet article, la vue aérienne du village en ruines déjà présentée à nos lecteurs (voir en particulier la Fig.1 de l’article "H comme Hôtels après 1919", mais uniquement des photos de ruines prises au sol, en choisissant de préférence celles qui, nous semble t-il, sont les moins connues. Les premières destructions
Dans les années qui suivirent, le village étant occupé par l'armée allemande, la menace à laquelle il fallait s'attendre fut plutôt celle de bombardements par des avions anglais. Ainsi Gabriel Trocmé rapporte (et s'en irrite fort) que, le 21 juillet 1916, des aéroplanes anglais ont jeté 11 bombes sur Épehy, avec le bilan suivant : 3 ou 4 maisons endommagées, une habitante tuée, une autre grièvement blessée, un prisonnier civil blessé, et chez les soldats allemands, 6 ou 8 tués et 15 blessés3. La destruction générale
Fig.3 et 4. L'église en feu (mars 1917), et ce qu'il en reste en 1919. Repère commode pour l'artillerie, l'église fut certainement l'un des premiers grands édifices publics à être détruit par les incendiaires (dont on aperçoit d'ailleurs les silhouettes à droite sur la Fig.3). Bien sûr, cette église, achevée en 1618, n'était pas un chef-d’œuvre architectural : elle était constituée de trois bâtiments disparates : la "vieille chapelle" qui dépendait de l'église de Villers-Faucon et était sans doute un héritage du passé seigneurial d'Épehy, la grande église construite fin XVIe-début XVIIe siècle et, entre les deux, un curieux bâtiment sans doute postérieur et raccordant les deux parties (voir l'article : "E comme Église ancienne"). Elle n'en était pas moins le symbole du village, le lieu de rassemblement et de reconnaissance de ses habitants. Autre lieu dont la charge émotionnelle n'était pas moins considérable, le cimetière du village n'échappa pas à la destruction, et en particulier les chapelles communautaires ou privées qu'il comportait (Fig.5).
G. Trocmé, dans sa "Notice" de 1924 (p.22), semble cependant suggérer que ce fut là surtout le résultat des combats dont le village fut le théâtre, plus que celui d'une destruction volontaire par l'armée allemande : "Le cimetière qui avait été profondément touché par les obus, a repris, dans son ensemble, un peu de sa physionomie d'autrefois ; nombreuses cependant, trop nombreuses même, sont les sépultures qui n'ont pas encore reçu la réparation à laquelle ont cependant bien droit ceux qui reposent là-bas". Les deux figures suivantes montrent comment se présentaient, aux yeux des habitants rentrés au pays en 1919, deux autres édifices publics qui avaient été des lieux essentiels dans l'animation du village : la mairie et l'école attenante.
Concernant la mairie, Gabriel Trocmé rapporte aussi, dans sa "Notice" (p.18), qu'il s'agissait d'un bâtiment fort vétuste (son fronton portait la date de 18546 : "(…) la mairie, par exemple, était une simple chambre prise sur le logement de l'instituteur. Sa fragilité, d'ailleurs, était telle qu'à chaque réunion, il était indispensable de placer un étai au rez de chaussée, sous la poutre centrale". Le bâtiment principal semble donc avoir été l'école des garçons, tandis que, toujours selon G. Trocmé, "(…) l'école des filles, composée de pièces disparates, (…) était construite de façon aussi légère que la mairie ; prévue, du reste, au début, pour deux classes, elle avait dû être aménagée, vaille que vaille, en 1912, pour trois classes et trois logements d'institutrices !". Sur la Fig.7, les enfants au premier plan sont Olivier Masson (en blanc) et Paul Collet, né en 1907. Dernier édifice communal, l'hospice, qui comptait 28 lits, fut lui-aussi méthodiquement détruit (Fig.8).
Ses caves, fort solides, servirent d'abri provisoire aux premiers Épéhiens (les "réintégrés") qui rentrèrent de l'évacuation en 1919. Il fut reconstruit sur le même emplacement et dénommé "Hospice Camus", car, nous rappelle G. Trocmé : "Mesdemoiselles Camus (…) laissèrent toutes leurs propriétés à la commune pour la fondation de l'Hospice (…) qui devait recevoir les vieillards, indigents et infirmes d'Épehy" ("Notice", p. 23). Enfin, parmi les bâtiments à usage public, les occupants n'oublièrent pas de détruire la gare de chemin de fer qui leur avait si abondamment servi pour acheminer troupes et matériel, l'une de ses dernières utilisations ayant sans doute été l'évacuation des habitants vers Berlaimont et quelques autres villages environnants.
Contrairement à celle qui lui succéda sur le même emplacement en 1920, cette gare construite vers 1880, était un bâtiment à un étage où logeait sans doute le chef de gare (voir article "H comme Hôtels avant 1917", Fig.21). La production économique La photo des ruines de la ferme de Malassise (Fig.10) donne une triste illustration de l'ampleur de ces destructions.
Après une première destruction en 1917, ces lieux furent le théâtre de combats acharnés de 1918 : d'abord l'attaque allemande en mars, à laquelle les Anglais résistèrent pendant trois jours et trois nuits, puis en octobre, quand les Allemands en retraite résistèrent sur place pendant cinq jours pour permettre au reste de leur armée la traversée de l'Escaut8. L'industrie
Les deux brasseries d'Épehy, Durieux et Lempereur, ne furent pas davantage épargnées. Nous avons quelques photos de leurs ruines, parfois prises par les Allemands eux-mêmes comme pour témoigner de la bonne réussite des destructions ordonnées.
Sur la Fig.17, on peut penser qu'il s'agit de l'une extrémité du village, à la limite des champs. Sur la Fig.18 apparaissent les incendiaires au casque à pointe , sans doute satisfaits de leur œuvre ! Avec la Fig.19, la destruction du village est en cours, à l'arrière-plan des maisons sont encore intactes. La photo 20 (carte postée en 1920) est prise à hauteur du n°14 de la Grande Rue, et la mention manuscrite indique l'emplacement des ruines de la maison d'Albert Trocmé et Cécile Pérard, les parents de Raoul Trocmé. Terminons notre tour du village, ou plutôt de ce qu'il en restait, par une note plus optimiste. Avec cette dernière photo (Fig.21), nous voici dans la Grande Rue déjà élargie et à moitié déblayée et l'on voit, dans la boue, que des véhicules (lesquels?) y sont récemment passés. Nous sommes là au niveau de l'ancien tissage Leriche. À droite, il semble bien s'agir, posés sur le sol, des rails destinés à un Decauville, ce petit chemin de fer à voie étroite qui joua un rôle si important dans la remise en état et la reconstruction du village. On remarque aussi, à droite, une baraque "Adrian", l'une de ces premières habitations provisoires mises à disposition des habitants "réintégrés" en remplacement des inconfortables abris en tôle "Nissen". Notes
Date de création : 23/02/2012 @ 10h54 Réactions à cet article
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