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L'abécédaire d'Épehy
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Le 23/12/2022 à 09h55 |
Le village - Z comme Zizique à Pépé
Z COMME ZIZIQUE À PÉPÉ
Oui, voilà un titre un peu inhabituel sur notre site, et pour tout dire un peu "familier", mais lisez plutôt, et vous comprendrez mieux... Tout démarre par la redécouverte par Claude Saunier de 24 partitions de musique, aux pages bien jaunies et arrondies sur les bords. Le tout paraît constituer l'ensemble du répertoire musical d'une année de la fanfare d'Épehy avant 1914. À l'exception de deux exemplaires, ces partitions sont écrites recto-verso, en format version "défilé" en 16 cm x 12 cm, pour baryton Si b, et proviennent d'un seul musicien. Concernant la fanfare d’Épehy avant la guerre de 1914, nous n'avions jusqu'à présent que deux références1: le témoignage de Gustave Loy qui écrit simplement dans son récit sur Épehy : "Nous avions une fanfare renommée", et aussi l'anecdote que Gabriel Trocmé rapporte dans ses Carnets : "5 décembre 1915 – Grande fête hier à la Kommandantur pour fêter les 56 ans du Commandant. On avait réuni une douzaine de clowns des colonnes qui soufflaient dans les instruments de notre fanfare chaque fois qu'un invité arrivait...". Aujourd'hui, nous pouvons en savoir un peu plus, grâce à ces partitions dont voici la liste (les numérotations sont de nous, A et B désignent des rectos-versos) :
Soit 24 partitions au total que le lecteur trouvera à la fin de ce texte. Les premières partitions de cette liste nous mettent la puce à l'oreille, en particulier celles écrites par Alfred Delbecq et intitulées "1913", "Tout Charnay", "Lille-Leers". Ce compositeur est né en 1879 à Leers (59), dans une famille de musiciens et de tisserands «à l'otil» c'est à dire à domicile. Alfred fait donc rapidement preuve de sa valeur et de ses dons musicaux à l'Harmonie de sa ville natale et dans plusieurs autres sociétés musicales. A 25 ans il devient sous-chef de l'Harmonie de Roubaix et dirige la Fanfare de Néchin (Belgique) ainsi que plusieurs autres sociétés musicales de la frontière belge et au-delà. En 1903, il fonde à Leers une fanfare dont il est nommé directeur. Après la guerre, il s'installe en Bourgogne où il ranime diverses Harmonies : à Digoin, Paray-le-Monial, Mâcon, Tournus, Charnay-les-Mâcon, Crèches-sur-Saône, Cluny etc. qui connaissent toutes, grâce à lui, un essor remarquable. Entré à la SACEM (Société des Auteurs et Compositeurs de Musique) en 1921, professeur à l’École de Musique en 1936, il donne des cours de clarinette, saxophone, flûte et hautbois. La même année il est élu membre associé de l'Académie de Mâcon. En 1921 il reçoit les insignes d'officier d'Académie, en 1928 ceux d'officier de l'Instruction Publique, et en 1948 la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur lui est décernée2 Sa vie comprend donc deux parties : la première dans le Nord et avant la Première Guerre mondiale, la seconde en Bourgogne jusqu'à sa mort. On peut supposer que ses œuvres évoquant le Nord ou la guerre ont été écrites avant 1920 (au moins celles classées 1A, 2B, 7A) et celles évoquant la Bourgogne plus tardivement (1B dont le verso aurait donc été alors réutilisé par l'auteur ?). Quant aux œuvres signées par d'autres compositeurs, dont les titres rappellent souvent aussi le Nord, la Belgique ou la guerre, on est frappé par le nombre des "Pas redoublés" auxquels on peut ajouter des "Marches" diverses, qui correspondent bien à l'esprit revanchard et à la "culture de guerre" qui ont marqué "l'avant-guerre", de la fin du XIXè siècle au début du XXè. Au moins une partie de ces œuvres a -t-elle été jouée avant 1913-1914 par le musicien d'Épehy qui les détenait ? Ne serait-il pas possible de reconstituer avec ces documents un concert de 1913 ? En tout cas, rien dans les morceaux joués entre 1920 et 1950, lors des soirées théâtrales par exemple, ne ressemble à ces partitions-là. Mais l'histoire de la famille Delbecq ne s'arrête pas là, car Alfred eut 6 enfants, tous aussi doués pour la musique que leur père, évidemment : quatre sont nés à Leers et les deux derniers à Mâcon. Le plus connu, Laurent (1905-1992), compositeur comme son père, entré à la SACEM en 1927, lui succède en 1954 à la direction de l'Harmonie de la ville. Il y restera durant 47 ans. Compositeur très prolifique, il déposera plus de 1000 œuvres à son nom ou sous le pseudonyme de «John Darling» dont il signe ses morceaux de jazz. « J'ai voulu écrire sous ce nom, explique t-il, des œuvres originales inspirées par le style américain, mais adaptées aux possibilités et aux moyens des fanfares ». L'une de ses compositions qui a obtenu le plus de succès est sans contestation possible «Empire State Building» évoquant, comme l'indique l'auteur : « l'atmosphère d'un gratte-ciel, véritable ville en hauteur »3, mais on lui doit aussi les arrangements de l'indicatif de «La Piste aux étoiles», ceux de chansons de Sylvie Vartan et de Rika Zaraï, etc. Laurent, sans doute au cours d'un périple dans sa région natale, vint à Épehy les 9 et 10 octobre 1976, donnant un concert le 9 (Fig.1) et participant à une réunion le 10 (Fig.2), ce dont nous avons une photo. Il cesse toute activité musicale en 1990 (à 85 ans) et décède à Mâcon en 1992.
Fig.1. Le programme du Festival John Darling donné à Épehy le samedi 9 octobre 1976
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![]() 1A. 1913 |
![]() 1B. Tout Charnay |
![]() 2A. Vigilance |
![]() 2B. Lille – Leers |
3A. La Marseillaise
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![]() 3B. Quatre-vingt neuf |
![]() 4A. Bruxelles-Lille |
![]() 4B. Rauzan |
![]() 5A. Le joyeux bouliste |
![]() 5B. Marchons toujours |
![]() 6A. Blanche Aurore |
![]() 6B. Loin de toi |
![]() 7A. Au Champ du Repos |
![]() 7B. Deux chants religieux |
![]() 8. Prière fervente |
![]() 9. L'Avelinois |
![]() 10A. Nos pacificateurs |
![]() 10B. Anvers-Namur |
![]() 11A. Le contrevenant |
![]() 11B. Un homme de paille |
![]() 12A. Bannière tricolore |
![]() 12B. La flammerole |
![]() 13A. Marche du Tournaisis |
![]() 13B. Lille en liesse |
Notes :
1 On trouvera ces références dans notre "Petite bibliothèque".
2 D'après J.P. Noly : "L'Harmonie municipale de la ville de Mâcon et la famille Delbecq", site internet www.harmoniedemacon.com (historique).
3 On peut voir, dans notre article "M comme Musique", que cette composition faisait encore partie du répertoire de la Société Musicale d'Épehy en 1977, un an après la visite de son auteur.
Date de création : 07/04/2013 @ 12h32
Dernière modification : 09/04/2013 @ 21h30
Catégorie : Le village
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Réaction n°1 |
par SIsaintandre59 le 03/10/2015 @ 02h17 |
Bonjour, Georges Gadenne est un compositeur andrésien, aujourd'hui tombé dans l'oubli. Une rue de Saint-André-lez-Lille porte son nom. Je suis heureux d'avoir pu prendre connaissance de quelques partitions, même limitées à un seul instrument. Le Syndicat d'initiative, que je préside, prépare actuellement la rédaction du troisième tome de l'histoire de Saint-André. Ces partitions pourraient illustrer l'article qui sera consacré à ce compositeur. Accepteriez-vous de nous délivrer une autorisation de reproduction ? Dans l'attente de vous lire recevez nos cordiales salutations. Joël Marquizeau |