18 – La boulange à Épehy
La première photo (18a) est prise au n°14 de la Rue de la Fraîcheur (actuellement Rue Paul Dubois). Cette maison servait de boulangerie avant 1917.
Devant la cheval et la carriole, le boulanger Jules Guislain Vélu (né en 1855 à Villers-Guislain, décédé en 1917 à Berlaimont), Georgette Vélu, sa belle-fille, née Degouy en 1885 à Épehy, épouse de Joseph Jules Guislain Vélu (dit Jules, né en 1882), tenant dans les bras sa fille Georgette, tout bébé, née en 1911 (future épouse d'Olivier Masson), ce qui permet de dater cette photo de l'été 1911. Le boulanger tient par la main son neveu Gaston né en 1903, fils de sa sœur Julina Vélu et de Léon Marquant (propriétaires du "Café de la Mairie" Marquant-Vélu)1.
À gauche, le tablier de travail que porte le jeune garçon d'une quinzaine d'années donne à penser qu'il peut s'agir d'un apprenti. Le personnage à droite, non identifié, est peut être un ouvrier ou simplement un voisin.

Photo 18 a. Devant la boulangerie Vélu, vers 1912 (Coll. C. Saunier).
Nous retrouvons sur la deuxième photo (18b), la carriole du boulanger stationnée devant l'hospice d'Épehy. Elle servait à faire du porte à porte pour livrer à chacun le pain quotidien, y compris sans doute à l'hospice.

Photo 18b. La carriole du boulanger devant l’hospice ( Carte postale, coll. C. Saunier).
Beaucoup de personnages sont venus poser pour la photo : cinq petites vieilles probablement pensionnaires de l'hospice, de même sans doute que trois hommes âgés dont deux s’appuient sur une canne. Ces huit personnes semblent d'ailleurs vêtues d'une sorte d'uniforme. Au fond, et aussi montés sur le mur, des enfants et des jeunes, et d'autres personnes encore derrière la grille.
Y avait-il une coopérative de panification avant 1914, ou s'agissait-il d'une affaire privée ?

Photo 18c. La Rue Neuve, vue vers l'ouest, avant 1914 (Carte postale, coll. C. Saunier).
On pourrait s'y tromper. La maison ci-dessus, au n°41 de la Rue Neuve, ressemble beaucoup à celle de la boulangerie après 1919 et pourtant elle est antérieure à 1914. Mais il est vrai que, lors de la reconstruction, certaines maisons du village ont été reconstruites à l'identique ou presque.
L'homme qui nous regarde, à droite, est Fernand Trouvé, né en 1868, qui était coiffeur.

Photo 18d. Le boulanger Oculi Hamard (Coll. C. Saunier).
Avec le retour progressif au village de la population évacuée, on refit du pain à Épehy dès 1919. Le boulanger était Oculi Hamard et la boulangerie l'un des tonneaux Niessen qui ont abrité provisoirement les "réintégrés".
Un témoignage de la bonne marche de la Coopérative de Panification est donné par la photo suivante.
Elle nous présente le personnel et les dirigeants de la coopérative (le Conseil d'Administration ?) et a été prise sur la terrasse du Café-Hôtel Bulan, à la suite d'une réunion et sans doute d'un repas annuel.
C'était l'époque des pains à 3 et 5 livres. À chaque achat, le client recevait des tickets qui donnaient droit, à la fin de l'année, à une ristourne sous la forme d'un certain nombre de pains gratuits.

Photo 18e. Le personnel et les dirigeants de la Coopérative, vers 1939-1940 (Coll. C. Saunier).
Identification des personnes (de gauche à droite) :
Debout : Henri Moreaux, le meunier-photographe (1867-1941), Arthur Dermy , un homme inconnu, Auguste Lempereur (1856-?), Cyrille Cocrelle, Virgile Dewastine l’hôtelier, un homme apparenté à la famille Deloffre, Adolphe Deloffre (le boulanger),
Assis : Nestor Mathieu, le jardinier (1881-1957), Albert Loy, un inconnu, Marguerite Deloffre née Isèbe, Michel Deloffre son fils, Albert Desmaret, agriculteur (1853-?), Alexis Franqueville, agriculteur (1864-1951), dit "Boum-boum" à cause de sa façon de parler.
À propos de Michel Deloffre, voici ce que nous écrit Jean-Michel Isèbe :
"Je connais Michel Deloffre, le fils de Marguerite (née Isèbe) et d'Adolphe. Il habite Ruyaulcourt, petit village du Pas-de-Calais à la limite de la Somme. Il a travaillé notamment dans la Garde Républicaine et a trois enfants que je connais également. J'ai connu Marguerite lorsque j'étais enfant à Épehy, la boulangerie de la Rue Neuve était voisine de la maison occupée par mes parents. Mes grands-parents paternels, Charles Isèbe et Marie-Thérèse née Copin, habitaient dans le haut de la Grande Rue (lui était plâtrier comme son propre père) et la famille Copin résidait dans la maison mitoyenne, y exerçant le métier de serrurier et ferronnier d'art."

Photo 18f. Jean et Louisette Lenfant, 1979
(Photo C. Saunier, agrandissement A. Franqueville)
Avec la dernière photo se termine aussi l'histoire de la Boulangerie-Coopérative. Les derniers boulangers en furent Jean et Louisette Lenfant que l'on voit ici à l'occasion d'une fête. Personne ne prit la relève au décès du boulanger. Que sont devenues les "Parts sociales" des coopérateurs ?

Fig. 18g. Part sociale de 100 Francs de la Boulangerie Coopérative d'Épehy datée du 30 avril 1949,
au nom de Maurice Objois-Isèbe (Document aimablement communiqué par Michel Théry-Objois).
Note
1 Voir notre article "Hôtels après 1919", Fig.11 & 13. Merci à Thérèse Flament pour les précisions apportées sur la famille Vélu.